« Les Français sont mauvais en anglais« . C’est une phrase que j’entends régulièrement et que vous avez certainement déjà entendue (ou prononcée) aussi. Mais le souci, c’est que cela nous enferme dans un cliché et on ne cherche pas à connaître les raisons de ce constat. D’accord, le niveau d’anglais en France est bien en deçà des autres pays européens. Pourtant, nous ne sommes pas plus bêtes que les autres ! Alors, pourquoi faisons-nous partie des cancres de l’Europe en matière d’apprentissage des langues ? Et surtout, existe-t-il une méthode pour briser ce cercle vicieux et améliorer son anglais efficacement ? Spoiler alert! La réponse est oui, et je vous laisse lire cet article jusqu’au bout pour la découvrir.
Au sommaire :
- Quel est le niveau d’anglais en France en moyenne ?
- Pourquoi les Français ne sont pas très bons en anglais ?
- Comment rendre l’apprentissage de l’anglais plus efficace ?
Quel est le niveau d’anglais en France en moyenne ?
Notre niveau théorique : B2
L’Éducation nationale dit qu’un bachelier français doit avoir un niveau B2 dans sa LV1 et un niveau B1 dans sa LV2. Cela correspond à une utilisation autonome de l’anglais, selon l’échelle CECRL.
Avec un niveau B1 (intermédiaire), vous pouvez vous en sortir dans les situations et conversations de la vie courante. Cela vous permet par exemple de voyager sereinement. Vous serez facilement compris pour commander au restaurant par exemple.
Le niveau B2 (intermédiaire avancé) est un peu plus poussé, car il permet aussi d’aborder des sujets techniques en anglais. C’est généralement le niveau requis pour décrocher certains emplois. Par exemple, le personnel navigant d’Air France doit être B2 en anglais.
Notre niveau réel : pas terrible
Ne tournons pas autour du pot : d’une manière générale, les Français ne sont pas tous autonomes en anglais, même avec le bac en poche (et donc, un niveau B2 supposé) !
Comment je le sais ? D’une part, en observant les apprenants que j’ai accompagnés. Et d’autre part, parce que cela est appuyé par une étude mondiale réalisée chaque année par l’organisme Education First (EF). Cette étude évalue le niveau d’anglais de plus de 2,2 millions d’adultes dans 113 pays.
Dans le dernier rapport, la France arrive en 43ᵉ position des pays qui parlent le mieux anglais dans le monde. C’est loin (trèèèès loin) derrière la plupart des autres États européens :
- Pays-Bas #1
- Autriche #3
- Danemark #4
- Norvège #5
- Suède #6
- Belgique #7
- Portugal #8
- Allemagne #10
- Croatie #11
- Grèce #12
- Pologne #13
Mais surtout, cela fait de la France le cancre de l’Union européenne et de l’Europe (en 30e position sur 34 pays) en matière de maîtrise de la langue de Shakespeare.
➡️ Pour aller plus loin : 3 raisons pour lesquelles vous avez l’impression d’être mauvais en anglais.
Pourquoi les Français ne sont pas très bons en anglais ?
La langue de Molière et celle de Shakespeare ne sont pas si proches que ça
Vous ne parlez pas couramment anglais malgré des centaines d’heures d’apprentissage au collège/lycée ? Rassurez-vous, ce n’est pas votre faute… Et vous n’êtes pas seul ! 61 % des Français estiment avoir un niveau faible ou très faible en anglais, malgré les 750 heures d’enseignement en langues étrangères dans un cursus scolaire général.
On entend souvent que l’anglais est une langue simplissime, avec des règles de conjugaison “easy” et plein de mots qui ressemblent au français. Du coup, on a tendance à oublier que l’anglais est aussi une langue qui peut être difficile sur certains points, en particulier pour les francophones.
Pour commencer, il y a une certaine distance entre les deux langues, car elles n’appartiennent pas à la même famille. Le français est une langue romane, tandis que l’anglais fait partie des langues germaniques. C’est donc normal si certains Européens comme les Hollandais ont des facilités, car leur langue est aussi germanique. Mais pour nous, c’est une autre histoire…
Un autre grande difficulté de la langue de Shakespeare, c’est le fait de ne pas pouvoir faire de lien entre l’écrit et l’oral. Vous ne pouvez pas deviner la prononciation d’un mot rien qu’en le lisant.
Prenons l’exemple de -ea qui peut se prononcer :
- “è”, comme dans pear (poire) /ˈpɛər/ ;
- “i”, comme dans fear (peur) /ˈfɪər/ ;
- ou encore “e”, comme dans earth (terre) /’ɜːθ/.
Idem avec la lettre -i qui peut se dire :
- “i”, comme dans machine (machine) /məˈʃiːn/
- “aï”, comme dans lie (mensonge) /ˈlaɪ/
Pas si simple, n’est-ce pas ? Et des exemples comme ceux-là, il en existe un paquet !
Et à cela, on doit ajouter les sons qui n’existent pas en français, comme le fameux “th”. Notre oreille n’y est pas habituée, ce qui rend son écoute et sa prononciation extrêmement compliquées pour nous. La « bande passante » des sons français s’étend de 150 à 250 Hz et de 1 000 à 2 000 Hz, tandis que celle de l’anglais va de 2 000 à 12 000 Hz.
➡️ À lire aussi : comment prononcer le “th” comme un natif ?
Le système d’apprentissage des langues en France
OK, nos deux langues ne se ressemblent pas tant que ça. Mais alors pourquoi les autres pays de langue romane comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie sont meilleurs que nous en anglais ?
Il n’y a pas de réponse facile à cette question. Mais notre système éducatif y est sans doute pour quelque chose. Rappelez-vous que nous avons près de 750 heures d’enseignement des langues au collège/lycée et le pire niveau d’anglais d’Europe. C’est donc qu’il y a un problème !
Tout d’abord, on n’apprend les langues vivantes en primaire que depuis 2008, et cette langue n’est pas obligatoirement l’anglais. Dans d’autres pays, comme au Portugal, on l’enseigne de manière obligatoire dès l’âge de 7 ans, depuis 2005.
Ensuite, en France, on axe beaucoup les cours sur l’écrit, et quasiment pas sur l’oral. On n’incite pas les élèves à parler anglais. Ils ne sont pas autonomes en expression orale, même en Terminale après des années d’apprentissage.
Enfin, les leçons portent sur les connaissances basiques, mais pas sur des connaissances de base. Les connaissances basiques sont simples, sans forcément être utiles. En réalité, pour être autonome en anglais, vous n’avez besoin de connaître que les 3 000 à 5 000 mots les plus utiles.
Niveau CECRL | Niveau de langue | Nombre de mots connus |
---|---|---|
A1 | Débutant | 600 mots |
A2 | Faux débutant | 1 500 mots |
B1 | Intermédiaire | 3 000 mots |
B2 | Intermédiaire avancé | 5 000 mots |
C1/C2 | Avancé | 10 000 mots |
C’est par exemple une aberration de vous faire apprendre par cœur une liste de 200 verbes irréguliers, alors que seulement une cinquantaine sont utiles pour des conversations de niveau B1/B2.
C’est bien beau de savoir que le verbe spring (jaillir) devient sprang au prétérit et sprung au participe passé. Mais quand allez-vous l’utiliser ? Même en français, ce n’est pas un verbe courant.😆
➡️ Cet article peut aussi vous intéresser : Les 50 verbes irréguliers anglais les plus courants.
Comment rendre l’apprentissage de l’anglais plus efficace ?
1. La loi de Pareto appliquée à l’anglais (ou méthode 20/80)
La première chose à faire pour booster votre anglais, c’est de vous concentrer uniquement sur les points utiles en :
- grammaire ;
- conjugaison ;
- vocabulaire.
En gros, n’apprenez que les 20 % de la langue qui vont seront utiles dans 80 % des situations. Cela vous permettra d’avoir un niveau B2 en 1 à 2 ans seulement, si vous pratiquez la langue un peu tous les jours.
D’accord, cette méthode ne vous rendra pas parfaitement bilingue en 2 mois (d’ailleurs, aucune méthode ne peut le faire). Mais vous pourrez tenir une conversation courante en quelques semaines. C’est quand même mieux que d’étudier l’anglais pendant 8 ans à l’école et de ne pas pouvoir parler avec les natifs, non ?
➡️ Pour en savoir plus sur la méthode 20/80, rendez-vous sur cette page.
2. Trouver un correspondant pour pratiquer la langue
Puisque le système éducatif français ne permet pas de pratiquer correctement l’anglais, il faut trouver un plan B. L’un des moyens les plus efficaces est de trouver un correspondant. Mais l’idée n’est pas de s’écrire de longs courriers en prose. L’écrit est suffisamment travaillé à l’école !
Non, ici vous allez vous trouver un partenaire linguistique avec lequel vous pourrez converser via internet. Avec les réseaux sociaux et les outils de visioconférence comme Zoom ou Google Meet, il est maintenant hyper facile de parler avec n’importe qui partout dans le monde !
Choisissez quelqu’un qui souhaite apprendre le français et discutez par exemple une fois par semaine avec lui : 30 minutes en anglais, 30 minutes en français. C’est aussi l’occasion de développer de belles amitiés internationales.
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3. Voyager dans des pays anglophones
Je sais que les voyages ne sont pas donnés à tout le monde. Toutefois, si vous en avez la possibilité, séjourner dans un pays anglophone sera un moyen redoutablement efficace pour progresser dans la langue.
Vous pouvez opter pour un voyage purement linguistique, ou tout simplement visiter le pays et en profiter pour échanger avec les locaux. Soyez curieux ! Ne leur posez pas seulement des questions sur le meilleur itinéraire pour aller d’un point A à un point B. Sortez de votre zone de confort et lancez des conversations sur des sujets plus larges.
- Vous voyez un rassemblement dans la rue ? Demandez aux passants s’il s’agit d’une manifestation ou d’un événement culturel.
- Vous allez manger au restaurant ? Profitez-en pour demander au serveur d’où viennent les produits et poser des questions sur les choses sympas à visiter aux alentours.
- Vous avez un long trajet en train ? Essayez d’engager la conversation et de sympathiser avec votre voisin de siège.
Non seulement vous en ressortirez meilleur en anglais, mais vous aurez aussi de belles anecdotes à raconter à votre retour de voyage.
C’est vrai, en France nous ne sommes pas au niveau de nos voisins européens pour la pratique de l’anglais. Il existe de multiples raisons à cela. D’une part, on sous-estime souvent les difficultés de la langue de Shakespeare. Et d’autre part, le système éducatif français ne nous permet pas d’apprendre les langues étrangères correctement.
Vous voulez améliorer votre anglais et pouvoir enfin le parler couramment ? Alors à vous de jouer ! Laissez tomber les leçons de grammaire complexes et le vocabulaire inutile. Concentrez-vous sur l’essentiel pour atteindre votre objectif rapidement. En complément, pratiquez, pratiquez et pratiquez. Pour cela, rien de tel que des échanges avec des partenaires linguistiques anglophones ou de beaux voyages.